Le grand contournement
Qu'est-ce qui fédère et révèle les coeurs mieux que la lutte ? Dans la plaine d'Alsace, à quelques dizaines de kilomètres de Strasbourg, Héloïse, vieille châtelaine solitaire qui fume trop, accueille un groupe de zadistes emmenés par l'intraitable Magali. Ensemble, ils veulent sauver un morceau de paysage, quelques arbres, un moulin, menacés par un projet d'autoroute. À la puissance - la joie, même - qui se dégage d'abord du combat pour un objectif commun, se mêle d'emblée un parfum de donquichottisme. Comme si chacun savait dès le départ comment cette aventure était vouée à finir. Qu'importe. Peut- être s'agit-il moins d'influer, même de façon minime, sur la marche du monde que de saisir la possibilité de se transformer soi-même.
Mais combien de temps peut tenir une ZAD ? Combien de temps dure l'euphorie de vivre dans des cabanes ? Et surtout, combien de temps l'urgence du présent suffit-elle à masquer le passé des uns et des autres - celui-là même dont certains espéraient trouver ici la rédemption ?
Un jour, il faut bien que la fête s'achève. La châtelaine et la militante vont devoir se séparer. Derrière l'amertume, toutefois, demeurera peut-être l'idée qu'il n'est rien de plus puissant que de rêver ensemble.