Les méduses n'ont pas d'oreilles
Quelques sons parviennent à l'oreille droite de Louise, mais plus rien à gauche. Si la jeune femme a appris enfant à lire sur les lèvres, les mots s'échappent un peu plus chaque jour et se transforment désormais en de fabuleux personnages : un soldat de la Première Guerre mondiale, un chien nommé Cirrus, une botaniste mystérieuse. Louise s'accroche aux derniers sons qui lui parviennent, elle les compile méticuleusement dans un herbier sonore alors que son audition l'abandonne au seuil de l'âge adulte. Elle passe ainsi un entretien d'embauche à la mairie sans bien comprendre ce qu'on lui demande, elle déchiffre pour la première fois des mots d'amour sur la bouche d'un garçon. Et au moment de décider si elle souhaite qu'on lui pose un implant ou non, une opération irréversible et lourde de conséquences pour elle, son univers de songes et d'ombres poétiques se met soudain à vaciller.
Dans ce texte plein d'humour et de douceur, Adèle Rosenfeld tient en joue la peur du silence. Vertigineuse plongée dans les failles du langage, Les méduses n'ont pas d'oreilles est une ode à l'imagination. Un premier roman éblouissant.