Le meilleur commentaire que l'on pourrait faire de Contre
la lumière, le seul peut-être, consisterait-il à citer intégralement ce
livre, à le réciter ? Peut-être. Sa grande unité de pensée, mais aussi
et dans le même temps, la manière qu'a l'écriture polymorphe de
Gilles Jallet de sans cesse renverser les sens énoncés doit en tout cas,
je le crois, retenir le commentateur de céder à la tentation à laquelle
précisément la poésie, cette poésie, se soustrait : celle de saisir. Il me
semble toutefois utile, à l'intention du lecteur nouveau, au risque donc
de paraître la réduire à ce qu'elle n'est pas, ne peut pas être - une
thèse -, d'évoquer une partie de la généalogie intellectuelle de cette
oeuvre considérable, qui emprunte son titre à une assertion de Jacques
Derrida, extraite de la lecture que celui-ci fit en 1967 de l'oeuvre alors
connue de Levinas, et en particulier de Totalité et Infini :
«Il est difficile d'élever un discours philosophique contre la lumière.»
Xavier Maurel
(extrait de la préface)