Que peut la folie d'écrire contre le risque de démantèlement
psychotique ? Quel recours l'écriture offre-t-elle aux malades
qui la pratiquent spontanément ou au sein d'un atelier ? Permet-elle
à chacun de recoller les morceaux d'une identité perdue ou au
contraire de multiplier ses doubles jusqu'à se perdre ?
Bernard Cadoux explore les motifs qui font de la folie d'écrire
un véritable rempart contre la psychose, en prenant appui sur son
expérience clinique et la lecture assidue de ces écrivains de la folie
que sont Rodanski, Artaud et Pessoa. Il précise le cadre nécessaire
pour qu'un atelier soit thérapeutique. L'invitation faite aux participants
d'en (re)venir à l'écriture à la plume met en évidence le jeu qui
s'instaure entre l'écriture matérielle et l'écriture prosaïque, entre le
geste graphique et la geste comme récit. Le détour par la fiction permet
à chacun de se rêver et de se dire à mots couverts. L'atelier, en
appui sur l'expression écrite et le groupe, construit un récit collectif
à partir duquel chacun pourra y aller de sa propre histoire. Ou pour
le dire autrement chacun en viendra à tailler son propre costume
dans l'étoffe narrative groupale tissée au fil des séances.