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Questions à Pierre-Jean Furet, de retour de la Foire du livre de Séoul

mars 2016

Pierre-Jean Furet a visité deux fois la Foire du livre de Séoul. Retour d'expérience.


BIEF : Vous vous êtes rendu à deux reprises à la Foire du livre de Séoul. Quelles ont été vos impressions ?

 

Pierre-Jean Furet : Oui, effectivement, j’y suis allé en 2012 et 2013. C’est une manifestation professionnelle très active. Le public aussi vient nombreux, parmi lequel beaucoup de scolaires et d’étudiants. Les visiteurs aiment voir et toucher les livres étrangers, ce qui est parfois un peu déconcertant par rapport au professionnalisme et à la retenue que l’on observe le plus souvent à Francfort ou à Londres.

Le stand du BIEF n’est pas très étendu mais très bien situé, entre les éditeurs coréens et étrangers, proche de l’allée centrale.

Les professionnels rencontrés sont sérieux et motivés. Dans presque tous les cas, c’est par l’intermédiaire d’agents que se nouent les contacts et les marchés. La Corée est un marché actif, mais les deals sont lents à se faire et assez peu nombreux si on considère le nombre des échanges - en tout cas dans mon champ d’activité qu’est le livre pratique illustré.

 

BIEF : Où en sont précisément les échanges dans ce domaine ?

 

P.J.F. : De toute évidence, la Corée est un marché mature dans ce domaine (à la différence de la Chine, par exemple), avec une offre très étendue et sophistiquée. Lors d’une table ronde à laquelle j’ai participé en 2012, il avait été fait mention des différences d’approches et des difficultés de transposer un livre pratique illustré d’un marché à l’autre.

Concernant Hachette Pratique, le développement de nos lignes de livres de coloriage nous a permis d’entrer en contact avec de nombreux acteurs du marché auxquels nous n’aurions pas eu accès autrement. Les traductions - et, a fortiori, les traductions volumineuses - restent un obstacle pour de nombreux petits éditeurs coréens qui publient des livres pratiques illustrés. Plus généralement, la traduction depuis le français représente une difficulté. À ce sujet, il y a une sorte de paradoxe : le pays semble assez fermé et peu de gens, y compris les professionnels, y parlent un anglais correct. En revanche, j’ai plusieurs fois rencontré des Coréens qui parlaient très bien le français. L’Institut français à Séoul est une institution ouverte et très active.

 

La France est considérée comme un modèle pour tout ce qui concerne l’art de vivre, la gastronomie, la mode (il suffit pour s’en convaincre de voir à Séoul le nombre de boutiques qui portent des noms en français improbables). Les éditeurs français qui publient des livres sur le sujet ont donc une légitimité particulière et une bonne avance sur leurs concurrents étrangers. Sauf sur les Japonais. Le grand voisin (avec lequel le pays entretient une relation nourrie d’admiration) reste une source d’inspiration pour les Coréens.

On voit en librairie à Séoul des livres illustrés sur l’art de vivre à Paris, écrits par des Japonais et publiés par une maison d’édition japonaise. Format, mise en pages, illustrations…, ces livres japonais sont bien adaptés au marché local. Les cultures sont proches. Le mainstream coréen (la mode, la musique, la culture…) est incontestablement plus inspiré par Tokyo que par New York, Londres ou Paris.


Propos recueillis par Catherine Fel