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Portrait et entretien de professionnel

Entretien avec Anne Vignol, responsable des droits étrangers pour Hachette Jeunesse : "Vers une accélération des échanges en Russie ?"

janvier 2012

Anne Vignol, responsable des droits étrangers pour Hachette Jeunesse, de retour de la Foire internationale du livre de Moscou répond aux questions du BIEF.
BIEF : Quelle démarche a été à l’origine de votre participation à la 24e foire internationale du livre de Moscou ?
Anne Vignol : Plusieurs éléments sont entrés en considération. D’une part – mais c’est en réalité annexe dans ma prise de décision – l’actualité du groupe Hachette en Russie a joué un rôle. L’entrée d’Hachette au capital de la maison Atticus a renforcé le partenariat avec cette dernière, qui, en termes d’échanges de droits en jeunesse, était déjà notre principale partenaire : elle édite les ouvrages de Rébecca Dautremer, l’un de nos auteurs phares.
D’autre part, la Russie est un marché en expansion, comme en témoignent peut-être les nombreuses invitations d’honneur qui lui sont faites lors de salons ces derniers temps (Londres, Turin et bientôt BookExpo…). Ce marché semble fortement tiré par l’édition jeunesse. Il était donc temps pour nous d’élargir nos contacts là-bas, de nous faire connaître auprès de nouveaux éditeurs, en vue d’une accélération possible des échanges dans les années à venir. Notre catalogue est en effet pour le moment très largement disponible pour la langue russe.
 
De plus, pour les pays de l’Est, nous travaillons – sur une base non exclusive – avec une agence de droits qui a récemment accrédité une nouvelle agente pour la Russie. Ma présence à Moscou était aussi un moyen de lui donner la possibilité de bien lancer son activité et de placer sur de bons rails le travail de prospection qu’elle réalise pour nous.
 
Enfin, le marché russe est assez opaque. Sa prospection nécessite donc de se rendre sur place, car nos agendas lors des grandes foires internationales comme Francfort ou Londres sont « engorgés » par des rendez-vous avec des éditeurs déjà partenaires.
 
BIEF : Quel bilan tireriez-vous aujourd’hui de votre séjour professionnel à la 24e Foire internationale du livre de Moscou ?
A. V. : Le bilan de ma participation à ce salon n’est toutefois pas très positif en termes de perspectives de contrats. Beaucoup de rendez-vous ont été annulés et j’ai rencontré plusieurs éditeurs, parmi les plus petits, qui se révèlent intéressés par notre production, sans avoir les moyens d’acheter les droits de traduction.
Par ailleurs, cette foire est parfois assez surprenante qui, notamment dans le hall russe, décline toutes sortes d’autres stands que ceux d’éditeurs : des stands de vente de papeterie, de jeux… On a tendance à sortir un peu du cadre de nos métiers.
Mais ma participation m’a permis de mieux comprendre l’édition jeunesse russe ; ou, en tout cas, de nuancer l’image que je m’en faisais. Je pensais que ce secteur, en Russie, était à l’image de l’édition jeunesse en général dans les pays d’Europe de l’Est : assez classique dans les illustrations et les concepts éditoriaux.
J’ai été surprise de voir que beaucoup d’éditeurs étaient intéressés par des ouvrages plus originaux, ou plus sophistiqués en termes de fabrication. Ils ont exprimé aussi leur intérêt pour des ouvrages complexes (avec coffrets, boîtiers, etc.). Le problème qui se pose alors est celui de la coédition : les prix étant plus bas en Russie qu’en France (et ils ne sont pas fixes), il est difficile de mettre en place une coédition avec des éditeurs russes.
 
J’ai l’impression que ces derniers ont la volonté, l’envie de proposer des ouvrages nouveaux et audacieux, mais que ça ne correspond peut-être pas encore tout à fait aux réalités de leur marché, qui évolue néanmoins rapidement.

Propos recueillis par Claire Mauguière