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Le marché du livre au Danemark

avril 2011

Après quelques années de croissance qui ont connu leur apogée en 2008, le marché du livre danois traverse une période de turbulence. On attribue communément ce fléchissement en grande partie à la crise financière mondiale et à une pause des dépenses à la consommation dans leur ensemble.
Au Danemark, « la libéralisation du marché du livre s’est effectuée progressivement ».
 
Après quelques années de croissance qui ont connu leur apogée en 2008, le marché du livre danois traverse une période de turbulence. On attribue communément ce fléchissement en grande partie à la crise financière mondiale et à une pause des dépenses à la consommation dans leur ensemble. Toutefois, la libéralisation progressive du marché est aussi considérée comme un facteur aggravant.
 
En 1989, la durée du prix unique a été limitée à l'année de la parution du livre plus un an ; et, en 2001, le prix unique est devenu une option facultative et le monopole des librairies a pris fin. En 2006, la quantité de livres bénéficiant du prix unique ne représentait plus que 10% du marché ; et, depuis le 1er janvier 2011, le marché du livre danois est totalement libéralisé.
 
Parallèlement au prix unique du livre, un ensemble de pratiques commerciales ont été établies entre l'Association des éditeurs danois et celle des libraires, faisant régner pendant des années une étroite collaboration entre ces deux corps de métier. De pareilles pratiques ne sont possibles que dans un marché régulé, en raison des codes de la concurrence. Les éditeurs et les libraires doivent donc se préparer à des accords bilatéraux, la compétition risquant d’être nettement plus affirmée.
 
La libéralisation s'est faite progressivement, car on pouvait craindre qu'un marché libre du livre, dans une petite région linguistique, renforce les best-sellers aux dépens des autres œuvres. L'Association des éditeurs danois a fait valoir que les librairies fermeraient quand la concurrence des supermarchés et de l'Internet deviendrait une réalité, alors que ce sont les librairies et non les supermarchés qui offrent le plus grand choix. En 2005, on comptait 435 librairies dans le pays. En 2010, il y en a 417. Pour une population de 5 millions d’habitants, leur nombre est encore relativement important.
La libéralisation avait pour objectif, entre autres, de rendre le livre plus accessible. Depuis 2002, où les libraires ont perdu leur monopole, le marché s'est élargi, avec environ 2 200 kiosques et supermarchés dotés d'un rayon librairie.
 
La librairie appartient à deux groupes principaux : Indeks Retail et Arnold Busck. L'édition est également dominée par deux grandes maisons : Gyldendal et Linhardt og Ringhof – sans oublier toutefois JP/Politikens Forlagshus. Généralement, il n'y a pas d'intégration verticale entre les libraires et les éditeurs, et les grandes maisons d'édition ne possèdent pas leur propre chaîne de librairies. Gyldendal, le plus grand éditeur danois, occupe une place prépondérante sur le marché du club du livre et a mis en place une boutique en ligne. Le troisième éditeur, JP/Politikens Forlag, est propriétaire de la grande librairie Internet saxo.dk.
 
Le rapport réalisé en 2010 par la direction de la concurrence conclut que la libéralisation s'avère être un succès. Cette interprétation est contestée par les éditeurs et les libraires, qui estiment qu'il est beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions définitives.

Conséquence de la libéralisation, nous avons assisté à une augmentation des ventes dans les supermarchés. Cela s'est fait aux dépens des librairies et des clubs du livre appartenant aux éditeurs, qui tiraient bénéfice du prix unique – les clubs du livre étant exemptés de cette pratique.
Les éditeurs se tournent à présent vers le livre numérique. Les plus importants ont passé des accords avec l'Organisation des écrivains, concernant les droits numériques, et ont mis en place l'infrastructure du marché du numérique. Cependant, la part de marché des produits numériques, incluant les livres audio, représente moins de 2%. Au Danemark, il n'y a pas de taux réduit de la TVA sur les livres, de sorte que la TVA sur ce produit, comme sur les autres, est de 25%.
 
 
Chiffres clés* 
Sources : « Nordic Book Statistics Report 2009 », produit en collaboration
par les associations des éditeurs dans les pays nordiques
Site internet de Statistics Denmark
Site internet officiel du Danemark
European Booksellers’ Federation
Statistiques internat­­ionales SNE/BIEF
Fiche établie par Linda Toivio
 
  • Superficie : 43 100 km²
  • Population en 2010 : 5,56 millions
  • Capitale : Copenhague
  • Langue officielle : danois
  • PIB/habitant : 40 294 €
  • Chiffre d’affaires total de l’édition (HT) : 469 millions €
  • Nombre de maisons d’édition : 400
    • dont membres de l’association des éditeurs : 64
  • Nombre de titres publiés par an : 13 669
    • dont nouveautés : 62%
  • Prix fixe : livres imprimés, non ; livres numériques, non
  • TVA sur le livre en 2010 : imprimé et numérique 25 %
  • Salon du livre : Salon du livre de Copenhague tous les ans en novembre
  • Nombre de librairies : 430
  • Répartition des ventes par secteur (données fournies par les éditeurs membres de l'Association des éditeurs danois) :
    • Manuels scolaires : 15%
    • Livres universitaires : 7%
    • Non-fiction : 31%
    • Fiction : 33%
    • Enfance et jeunesse : 12%
    • Livres audio : 2% 
  • Répartition des ventes par canal de distribution (données fournies par les éditeurs membres de l'Association des éditeurs danois) :
    • Librairies : 57%
    • Grands magasins, kiosques : 10%
    • Clubs de livres : 12%
    • Ventes directes (Internet, etc.) : 21%
  • Droits cédés du français vers le danois en 2009 : 97

* Toutes les données recensent l'année 2009, sauf si précisé autrement.


Christine Bødtcher-Hansen, Association des éditeurs danois, traduit de l'anglais par Edith Ochs