Articles

Imprimer Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur LinkedIn

Article

France-Allemagne, 20 ans de livre en coopération

juillet 2010

Suivi d'un entretien avec Bärbel Becker, responsable des programmes professionnels internationaux à la Foire du livre de Francfort.
C’était en 1989, lorsque l’Allemagne fut l’invitée d’honneur au Salon du livre de Paris, que l’OFAJ, à la recherche de partenaires pour mettre en place un programme de formation pour jeunes éditeurs et libraires français et allemands, demandait à la Foire du livre de Francfort si un tel projet pourrait l’intéresser. La réponse étant positive, il fallait trouver un partenaire français, qui fut d’abord le SNE, puis très vite le BIEF, à l’époque encore France Édition.
 
Dix ans plus tard, suite au succès de ce programme, les mêmes partenaires mirent en place le programme Georges-Arthur Goldschmidt, destiné aux jeunes traducteurs littéraires.

500 participants aux programmes
Depuis, 500 jeunes professionnels français et allemands ont pu participer aux programmes de l’OFAJ. Le double anniversaire de ces programmes a été l’occasion de réunir les anciens participants, les intervenants, les traducteurs (parmi eux Georges-Arthur Goldschmidt, parrain du programme pour traducteurs), les entreprises d’accueil, maisons d’édition, librairies et institutions, pour deux journées d’échanges qui se sont déroulées à Paris les 10 et 11 juin, au CNL et à la SGDL.

Au programme : une lecture avec les auteurs Silke Scheuermann et Valérie Mréjen, dont les romans Die Stunde zwischen Hund un Wolf et L’Agrume furent traduits par Céline Lecarpentier et Doris Nobilia, deux participantes du programme Goldschmidt. Elle a été suivie par une table ronde sur la formation en France et en Allemagne dans le domaine du livre et un dialogue entre anciens participants et représentants de la profession du livre qui montrait bien l’enthousiasme pour ces deux programmes, 20 ans après.
 
« On nous donne une carte d’entrée pour ce milieu du livre et c’est à chacun de trouver ce qu’il en fait », explique Christian Ruzicka, participant au programme en 1999, aujourd’hui éditeur et fondateur de la maison d’édition Secession à Berlin. Et nombreux sont ceux qui, malgré l’évolution d’un marché du livre de plus en plus saturé, ont utilisé leurs expériences pendant le programme pour créer leur propre agence, librairie ou maison d’édition. « Je profite toujours des contacts que j’ai noués avec les agents et les responsables de droits pendant mon stage à la maison d’édition Heyne à Munich », témoignait Claire Duvivier, fondatrice d’Asphalte Éditions, sourire aux lèvres.
 
Au-delà des témoignages, cet anniversaire était l’occasion de faire un bilan des échanges littéraires entre la France et l’Allemagne avec Catherine Houssay, agente littéraire française à Berlin, et Olivier Mannoni, traducteur littéraire et animateur des ateliers de traduction proposés pendant le programme Goldschmidt. Un échange qui reste constant mais difficile, malgré l’admirable travail des jeunes traducteurs issus de ce programme. Kafka, Kehlmann, Fauser, Foenkinos, Gaudé, Djebar…, la liste des auteurs traduits à la suite du programme est longue.

Autre liste qui, les organisateurs l’espèrent bien, sera longue est celle de tous les anciens participants des programmes, dont la mise en place devrait renforcer le réseau franco-allemand dans le domaine du livre. Car 20 ans après, il est non seulement temps de fêter les programmes mais aussi de réfléchir de quelle manière nous pouvons ensemble continuer de contribuer au dialogue intellectuel avec le pays voisin et en Europe.
 
 
Questions à Bärbel Becker
Propos recueillis par Katja Petrovic
 
BIEF : Les programmes pour jeunes professionnels du livre existent respectivement depuis 10 ans et 20 ans. Pourquoi la Foire du livre de Francfort continue-t-elle à investir dans ces échanges ?

Bärbel Becker : Trois objectifs sont ici poursuivis. Tout d’abord, promouvoir les échanges de droits et les traductions entre la France et l’Allemagne, à l’aide d’une formation pour les jeunes professionnels ciblée sur les connaissances des marchés du livre français et allemand. Ensuite, entretenir une collaboration étroite avec la France et le BIEF, qui est un partenaire de longue date pour nous. Enfin, renforcer le contact avec des « clients » très importants que sont les éditeurs français pour la Foire du livre de Francfort.
Nous nous engageons aussi au-delà de ces programmes franco-allemands. Nous invitons des éditeurs en Allemagne entre autres à l’occasion du fellowship, nous organisons des formations continues au niveau international et des rencontres bilatérales d’éditeurs. Nous sommes convaincus que les programmes franco-allemands s’inscrivent parfaitement dans nos activités.

BIEF : Vous connaissez ces programmes depuis leur création. De quelle façon ont-ils évolué ?

B. B. : Les candidats sont de plus en plus qualifiés, ce qui est certainement lié à la situation du marché du travail dans le domaine du livre. Autre évolution : tous les Français veulent faire leur stage à Berlin. Nous tenons néanmoins à leur trouver des stages aussi dans d’autres villes allemandes. Car, chez nous, l’édition ne se concentre pas dans la capitale, même si l’on comprend l’attirance pour cette ville si dynamique dans le secteur de l’art et de la littérature. Ce qui est intéressant également, c’est le fait que nous avons du mal à trouver de bons candidats pour le programme Goldschmidt.

BIEF : La Foire du livre de Francfort, l’OFAJ et le BIEF viennent de fêter le double anniversaire des programmes à Paris. À cette occasion, étaient réunis pour la première fois les anciens participants des deux programmes, donc les libraires, les éditeurs et les traducteurs littéraires. Quels ont été pour vous les résultats les plus importants à la fin de ces deux jours à Paris ?

B. B. : C’était déjà une fin en soi pour ces différents participants de se rencontrer et d’échanger pendant presque deux jours. Ils ont manifesté un grand intérêt à ce que nous créions et renforcions un réseau, comprenant toutes les promotions des deux programmes. Nous avons commencé à y travailler depuis la France et l’Allemagne. Les participants les plus « jeunes » souhaitent ainsi profiter des expériences des « anciens », qui seraient en quelque sorte leurs tuteurs quand ils arrivent dans une nouvelle ville. Mais les participants plus expérimentés aussi voudront se servir activement d’un tel réseau. Et il y avait d’autres bonnes idées encore : le fait d’associer des critiques littéraires aux programmes et la création d’un prix pour les libraires qui s’engagent à promouvoir la littérature de l’autre pays dans leur pays. Nous avons évoqué la possibilité d’élargir le programme Goldschmidt aux pays francophones et germanophones.
En tout cas, lors de ce programme, l’ambiance était très bonne, du fait que sont venus à ces manifestations du jubilé des programmes de jeunes professionnels convaincus de leur utilité. Ils avaient envie de nouer de nouveaux contacts. Il faut dire que l’invitation de la part de l’OFAJ était très généreuse, les journées se sont déroulées dans des cadres magnifiques, le Centre national du Livre et la Société des Gens de Lettres, et l’on se sentait honoré d’y participer.

BIEF : Depuis les 20 dernières années, le marché du livre en France et en Allemagne a beaucoup changé. Les jeunes professionnels doivent être de plus en plus qualifiés pour rentrer sur le marché. Comment les programmes peuvent-ils réagir à cette « nouvelle » exigence ?

B. B. : Il y a la volonté de renforcer le réseau entre les « aînés » et les « nouveaux entrants ». Les attentes des entreprises qui accueillent nos stagiaires sont certainement devenues plus grandes. Mais les programmes resteront une chance unique pour faire un stage à l’étranger, indépendamment des échanges scolaires ou universitaires. Qui plus est un stage encadré par des séminaires professionnels.
 
 
Le Fellowship Programme de la Foire du livre de Francfort
Ce programme, né en 1998 pour célébrer le 50e anniversaire de la Foire du livre de Francfort, a pour but de créer un réseau de jeunes professionnels de l’édition à travers le monde, qui souhaitent développer leur réseau international et mieux connaître le marché du livre allemand.
Un programme de rendez-vous est proposé aux 16 Frankfurt Fellows dans les maisons d’édition les plus renommées des grandes villes éditoriales allemandes : Francfort, Munich, Berlin...
A ce jour, 200 participants venant de 55 pays ont partagé cette expérience privilégiée de dialogues, d’échanges d’informations au-delà des frontières. Des Français en ont fait partie, mais les organisateurs regrettent toutefois la faible présence de ceux-ci.
Pour le Fellowship Programme 2010 qui aura lieu aura lieu cette année du 25 septembre au 10 octobre, 66 candidatures de 31 pays ont été proposées.

Voir informations détaillées sur www.bookfair.com.

Katja Petrovic

Précédent Suivant

Plus d'infos