Engagée dans les milices libanaises pendant son adolescence et sa jeunesse, une femme témoigne de la fascination que la guerre a exercée sur elle. Régina Sneifer raconte l’étonnant chemin qu’elle a trouvé pour se sortir des tentacules de la violence.
1975 : une adolescente, fille de commerçants libanais, perçoit les premiers signes de la guerre qui va dévorer son pays quinze ans durant. Chrétienne, avide d’aventures, refusant la place ordinairement réservée aux femmes, elle s’engage, intrépide, dans les milices phalangistes. Entraînement dans la montagne, treillis, marche au pas, mission délicate au contact de l’ennemi, la rudesse de l’entraînement n’a pas raison de son enthousiasme. Fascinée par le courage des chefs de guerre, Régina Sneifer devient l’une des responsables de la propagande.
Mais bientôt, dans les déchirures fratricides des factions chrétiennes tantôt alliées à Israël, tantôt à la Syrie, l’absurde de la guerre lui éclate au visage : des camarades chrétiens, devenus ennemis par un renversement d’alliance, sont fait s prisonniers puis certains sont éliminés par les miliciens de son camp. Contre ces logiques meutrières au risque d’être elle-même liquidée, Régina Sneifer visite les prisonniers enfermés par sa faction. Un jour, dans une messe à laquelle assistent les prisonniers, le chant d’un Palestinien inconnu la bouleverse. Comme un chant d’amour capable de briser le fer des armes…
Dans ce récit bouleversant, une femme raconte pour ne pas oublier les dizaines de milliers de jeunes de sa génération qui ont été détruit par la guerre, pour ne pas oublier le cri silencieux des mères mortes d’avoir trop attendu le corps de leur fils. Pour ne pas recommencer. Pour inventer enfin des chemins de paix…
Régina Sneifer a été journaliste au Liban, auteure d’une thèse sur les guerres maronites (publié aux éditions L’Harmattan) sous la direction de Yves Lacoste, elle vit aujourd’hui en France et effectue de fréquents séjours au Liban.