Moyen Âge et érotisme : les deux termes paraissent contradictoires.
Ils ne le sont pas et l'on découvrira que la
civilisation médiévale, taxée à tort d'obscurantisme, fut
extrêmement inventive dans les domaines du désir et de la sexualité.
À la fin du XIe siècle, les premiers troubadours chantent la sensualité,
la femme, l'adultère, et c'est bien là une conception neuve de
l'amour, en rupture avec l'héritage antique, qui se met en place.
Bientôt, la matière de Bretagne prône à son tour une sexualité
passionnelle où la femme joue un rôle d'initiatrice. Au XIIIe siècle, le
Roman de la Rose signe avec éclat la dégradation du grand rêve
courtois.
Ces différents courants ont une influence progressive sur les
comportements amoureux en Occident. À y voir de près, l'Église est
partagée : les tenants du refus du plaisir y affrontent les femmes
mystiques, d'Hildegarde de Bingen aux béguines, qui nouent de
brûlantes épousailles avec le divin.
Loin de ces effusions mystiques, les fabliaux où le sexe s'affiche
crûment, les chansons des goliards, l'obscénité de nombre de sculptures,
les rites carnavalesques évoquent une sexualité pulsionnelle,
liée à des traditions populaires très peu chrétiennes.
En définitive, l'érotisme médiéval, riche et contrasté, ne cesse de
nous surprendre et de nous interroger. C'est un grand et beau sujet
dont l'histoire n'avait jamais été écrite.