Titres

Philosophes dans la tourmente

Auteur : Elisabeth Roudinesco
Editeur : Fayard
Date de parution : 19/10/2005
EAN/ISBN : 9782213618852
Format : 24 x 16
Nombre de pages : 300
Thématique : Autres - Autres

Adhérent : Fayard

Présentation de l'éditeur

Six hommes, six œuvres, pourquoi la philosophie? .

Les hommes d’abord : Georges Canguilhem, Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, Louis Althusser, Gilles Deleuze, Jacques Derrida. Et comme point de départ de cet essai, cette remarque de Foucault après la mort de Canguilhem, le grand philosophe des sciences : ce sont les philosophes de la structure qui se sont engagés sous l’Occupation, et non les philosophes du sujet et de l’engagement. Canguilhem contre Sartre, autrement dit.

La guerre, la folie, la Révolution : la philosophie française contemporaine s’est affirmée dans la tourmente, les uns avec les autres, les uns contre les autres. Et tout l’intérêt de ce livre réside précisément dans le fait qu’il tisse cette généalogie critique et spéculaire qui fait, aujourd’hui encore, notre actualité intellectuelle, que nous y consentions ou que nous le réprouvions. Un homme, une œuvre, un chapitre, telle est l’organisation du livre. Mais d’un chapitre à l’autre, les rebondissements abondent.

Point de départ, Georges Canguilhem, donc. L’engagement, dit-il, est le fruit du hasard, le sujet n’y est pour rien. Corollaire : la psychologie du sujet ne saurait rien expliquer. Et dans le Normal et le Pathologique (1943), il fonde précisément une anti-psychologie.

Sartre est piqué au vif. Mais le chantre du penser contre soi-même écrira finalement son fameux Scénario Freud (publié en 1984, à titre posthume), qui, à travers la découverte de la philosophie des sciences, contredit ses propres propos sur l’engagement. Pour l’occasion, Sartre rend donc les armes à Canguilhem.

Michel Foucault, élève de Canguilhem, publie en 1961 son Histoire de la folie, en quelque sorte contre Sartre lui aussi. Ce dernier l’attaquera d’ailleurs en 68, et c’est Canguilhem qui le défendra alors – ce qui n’empêchera pas Sartre et Foucault de se retrouver au coude à coude, dans la rue, au début de la décennie suivante, marquée, on le sait, par les grandes contestations sociales.

Louis Althusser, de son côté, se réclame du sujet foucaldien, un sujet surdéterminé par la structure. Or, pris lui-même de folie, il témoignera avec une extraordinaire lucidité sur le meurtre de sa femme, dont il est, montre-t-il, à la fois l’auteur et l’agent, dans son extraordinaire autobiographie posthume : L’Avenir dure longtemps (1992).

Gilles Deleuze, à son tour, revient sur l’histoire de la folie. Il est l’héritier de Foucault comme de Sartre : sa tourmente à lui, c’est également la folie. Et la drogue. Il théorise ainsi le sujet fou dans l’Anti-Oedipe (avec Félix Guattari en 1972).

Jacques Derrida réunira finalement les cinq figures de l’héroïsme philosophiques, si l’on ose dire, dans son Panthéon personnel, lui qui était venu du concept pour finir dans le sujet. Et dans son éloge des grands disparus, Chaque fois unique, la fin du monde (2003), il rend à chacun d’eux un exceptionnel hommage, un peu à la façon d’un Michelet saluant la geste de l’an II, par-delà les divergences.

Dans les années 80, Foucault lâche encore : « On ne comprend rien en France si on ne lit pas Canguilhem. » Le lecteur aura percé l’énigme de cette phrase en refermant ce livre, qui vaut finalement comme une histoire de la philosophie française contemporaine, à travers six de ses plus grands représentants, dont la pensée rayonne toujours dans le monde


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