Hétérogénéité des objets de recherche, pluralité des problématiques, fécondité
des croisements disciplinaires, renouveaux théoriques : ce sont ces aspects
propres à caractériser l'anthropologie de l'art actuelle qu'illustrent les contributions
de ce volume. S'y trouvent notamment analysés les fonctions et significations
des expressions artistiques appréhendées dans des contextes culturels
divers ; leurs conditions d'émergence et les critères autochtones de leur définition
; les modes de sélection, d'évaluation et d'appropriation des productions
non occidentales par les voyageurs, collecteurs, collectionneurs, institutions
muséales ou acteurs du marché de l'art.
De manière transversale, s'exprime l'idée qu'une oeuvre ne se réduit pas à un
objet et ne s'épuise ni dans sa matérialité ni dans sa perception strictement sensorielle.
Les discours (critiques, de légitimation, d'authentification, d'explicitation,
etc.), l'imaginaire, les affects ou encore les modalités de sa consommation
la constituent tout autant.
Trop souvent, les musées se sont accordés à ériger la production matérielle
des cultures locales en marque symbolique de leur identité et à essentialiser ces
cultures en reléguant dans les réserves ce qui relevait trop visiblement d'emprunts
ou d'influences. En déconstruisant ce grand mythe occidental d'une altérité
vierge de tout mélange, l'approche anthropologique de l'art se refuse à penser
le rapport à la création en termes d'oppositions implicitement hierarchisées
en valeur (authentique vs faux, rituel vs commercial, ethnographique vs touristique,
esthétique vs politique, etc.).
Ethnologues, historiens de l'art et sociologues, les auteurs français et anglosaxons
qui se rencontrent à travers cet ouvrage rendent compte de l'amplitude
des perspectives de recherche ainsi ouvertes par l'anthropologie de l'art.