«En cette fin de nuit, il me fallait atterrir dans des lieux glauques ou rutilants. Cages d'escalier, salles d'attente de médecins, hôtel de luxe, appartement somptueux où mes acteurs pourraient prendre corps à leur aise et déployer leurs vices et leurs vertus. Revêtus de leurs costumes de scène, ils allaient pouvoir jouer leur plus grand rôle. J'avais choisi des extrêmes en tout. Je nommais mes personnages sans problème par leur prénom. Je les avais tous rencontrés, croisés, côtoyés, certains, même, étaient mes proches. Leurs caractères me facilitaient la tâche et me guidaient dans ma déambulation névrotique. Ils faisaient corps avec moi. Ils étaient moi, et eux tout à la fois. J'étais l'héroïne. Comme sous l'effet de cette violente drogue, je m'étais shootée aux autres.»
L'auteur nous entraîne avec une élégance perverse dans un quotidien, ou plutôt des parcelles de quotidiens, grises, lancinantes, étouffantes. Des vies - celles de la narratrice peut-être? - celles de femmes déglinguées, acides ou manipulatrices, s'y frôlent, s'y perdent, chavirent...