Trois espèces d'huîtres ont depuis plus d'un siècle influencé la
dynamique d'une partie du littoral charentais : le bassin de Marennes-Oléron.
Quelles images et connaissances la Marennes, la portugaise,
la japonaise suscitent-elles auprès du grand public ? Peu, même si ce
coquillage, plutôt festif, constitue un mets courant.
Les ostréiculteurs charentais - et les ostréicultrices, dont la place est
majeure dans cette profession - n'entrent pas non plus dans les
habituelles typologies socioprofessionnelles. Sont-ils «gens de mer»
ou «gens de terre» ? Leur métier, à la fois traditionnel et moderne,
s'inscrit dans une certaine marginalité. Ses espaces de travail mi-aquatiques,
mi-terriens recèlent des valeurs culturales et culturelles qui le
distinguent pareillement du monde de la terre et de celui de la mer.
Ses rythmes professionnels, orchestrés par les lunaisons et les calendriers
de commercialisation des fêtes de fin d'année, sont en décalage
avec ceux de la société globale.
En dépit de ces apparentes marginalités, la communauté ostréicole
s'insère pleinement dans l'ensemble du système social et économique
français. C'est ce qui en fait tout l'attrait pour l'observateur.
Retraçant les évolutions d'une technique à travers le vécu de cette
micro-société charentaise, l'ouvrage de Pascale Legué met en relief les
dispositions d'une profession à se projeter dans le futur.