La Birmanie, rebaptisée par la Junte au pouvoir «Union du
Myanmar» en 1989, présente l'aspect d'une mosaïque inachevée.
La mosaïque, ce sont ces dizaines d'ethnies, de langues,
de cultures qui s'entrecroisent sur un territoire à la confluence
de la Chine, de l'Inde et de la Thaïlande, de l'hindouisme et du
bouddhisme. La pièce manquante, c'est le ciment démocratique
d'une nation qui n'existe jusqu'ici que sous la contrainte
d'un nationalisme birman dictatorial et autarcique.
Pour se maintenir au pouvoir, un «quarteron de généraux»
pratique une politique d'unification forcée en s'appuyant sur
l'armée, institution omnipotente, et sur la lutte contre une
«occidentalisation» que représenterait le passage à la démocratie.
En dépit de son aura internationale, Aung San Suu Kyi,
Prix Nobel de la Paix 1991 et fille de l'artisan de l'indépendance
birmane (1948), ne peut que contester par à-coups cet
autisme politique. Se dirige t-on vers la constitution d'un nouveau
«trou noir» du système-monde, ou peut-on espérer une
démocratisation progressive grâce aux pressions de la communauté
internationale et aux divisions intestines de la Junte
au pouvoir ?