«Il est difficile, lorsque l'on vit en contact étroit avec la
nature, de se sentir découragé.»
Elizabeth von Arnim
Qu'est-ce qu'un jardin, de quel type d'espace s'agit-il,
quelle est sa forme temporelle, de quelles pièces doit-il
se composer pour avoir droit au nom de «jardin» ?
En distinguant le jardin de son frère ennemi, le paysage,
en évitant de le soumettre à la contagion des «beaux
jardins», en essayant d'aller à l'élémentaire, ce petit
traité tente de fixer pour un moment l'objet jardin,
objet toujours en mouvement, toujours inachevé, et
dont la composition subtile réclame un prudent dosage.
Mais qu'il se montre dans son ingénuité ou qu'il
s'expose comme une oeuvre contemporaine, le jardin
répond à une loi qui le met à part dans les productions
humaines : celle de l'anentropie, ce travail incessant
de reconstruction, de rapiècement, de rétablissement
patient à partir des restes.