Plus de deux années après les attentats du 11 septembre
2001, Oussama Ben Laden est tantôt donné pour mort, tantôt
pour blessé. Le chef d'Al-Qaida revient cycliquement sur la
scène médiatique pour montrer que lui, son état-major et
son organisation n'ont pas été sérieusement affectés par
la lutte mondiale contre le terrorisme. Comment expliquer
les échecs de la lutte antiterroriste lancée par les Américains,
qui ne sont pas seulement dûs à la méconnaissance
du phénomène islamiste ?
Cette enquête menée sur le terrain au Pakistan et en
Afghanistan fait ressortir une série d'indices et de témoignages
qui montrent que les stratèges de la Maison Blanche
ont sciemment «retardé» la neutralisation d'Oussama
Ben Laden. Celui-ci se cache depuis plusieurs mois au
Waziristân, une zone tribale encerclée discrètement pour
limiter les déplacements du chef d'Al-Qaida. Pourquoi ?
D'abord, la manipulation du danger islamiste est une sorte
de culture chez l'administration américaine. Ensuite, parce
qu'il fallait absolument renverser le régime irakien avant
de neutraliser le chef d'Al-Qaida. Enfin, la décision de
«reporter» l'arrestation de Ben Laden est due à des calculs
électoralistes. En effet, le 2 novembre 2004 se dérouleront
les présidentielles américaines : quoi de mieux que
l'arrestation de Ben Laden, quelques semaines auparavant,
pour assurer la réélection de Bush ?