De la Shoah au Cambodge, du Rwanda à l'ex-Yougoslavie,
qu'est-ce que les témoins d'une catastrophe
absolue peuvent transmettre ? Est-il d'ailleurs nécessaire
de réveiller chez eux les souffrances endurées ?
La réponse est à chercher non seulement auprès des
témoins eux-mêmes, mais aussi auprès de ceux qui
recueillent leurs récits, ces «témoins des témoins»
dont on se demande parfois ce qui les pousse à aller
sans relâche entendre ceux-ci.
Sortir du génocide est le premier livre à traiter de la
pratique du témoignage et à en dégager une technique.
Que sait-on de ce que ressentent le témoin et son
auditeur ou lecteur ? Quelle sorte de pacte se noue
entre eux ? Comment faire parler quelqu'un qui a vécu
un traumatisme extrême ? Comment recueillir son
discours ? Quels sont les dangers d'une telle
entreprise ? Est-il légitime que le lecteur ou l'auditeur de
témoignages soient la proie de sentiments troubles :
fascination pour l'horreur, dégoût, honte ; bref, autre
chose que de la compassion ?