La question à laquelle renvoie le journalisme, c'est celle du
rôle du spectateur en politique. À quoi sert-il en démocratie ?
Peut-on déterminer quelque chose comme un journalisme
«idéal», à l'aune duquel juger le journalisme «réel» ?
Fatiguée des pamphlets trop rapides et des divers savoirs
sur le journalisme tel qu'il est, Géraldine Muhlmann s'interroge
sur ce que le journalisme pourrait être : quels idéaux est-il
censé servir ? Quels chemins lui indiquer pour le sortir de sa
crise présente ? Elle prend le problème à la source : que veut
dire voir et faire voir le monde au présent ? Quel est le sens
politique d'une telle activité ?
La démarche est inédite, car pour la première fois le journalisme
est soumis à un questionnement philosophique. Elle
implique de rendre visite à l'histoire de la pensée d'une manière
souvent inattendue. Elle vise à redonner un nouveau souffle
au débat sur le journalisme, en évitant aussi bien l'écueil de
la critique dévastatrice que celui d'une valorisation naïvement
optimiste.
Au journalisme est finalement assignée une double tâche :
faire vivre du conflit et tisser du commun au sein de la communauté
politique. À travers la question du journalisme, ce
que l'auteur explore, c'est donc l'énigme de la démocratie :
la coexistence de deux scènes, celle des actions et celle des
représentations, la seconde offrant une issue symbolique aux
conflits qui agitent la première.
Agrégée de philosophie, diplômée de l'école de journalisme
de New York University, agrégée de science politique,
Géraldine Muhlmann est professeur à l'Université Paris XI. Elle
a exercé le journalisme en France et aux États-Unis. Elle
publie aux PUF, parallèlement à ce livre, Une histoire politique
du journalisme (XIXe-XXe siècle).