À Marcilly-sur-Maulne, le village de Touraine où il
est né en 1903, Emile travaille aux champs et
dessine à la communale ce qu'il perçoit du monde
alentour. Annotés par son jeune maître, Marc
Audebert, ses cahiers mêlent la flore et les objets
usuels : leçons de choses, comme on disait alors,
qui traduisent l'exigence et l'attention de l'enfant
qui dessine.
En août 14, alors qu'Émile vient d'avoir son
certificat d'études, la guerre éclate, et Marc
Audebert, qui n'a que vingt-quatre ans, sera le
premier nom sur le monument aux morts de sa
commune. Les dessins de l'élève sont devenus
le tombeau du maître : «Mieux qu'un tombeau, écrit
Gérard Macé, c'est une tombe, ou les deux à la fois ;
comme dans la plupart des tombeaux on trouve des
objets usuels, et comme la plupart des tombes elle est
discrètement fleurie.»